Envoyer son manuscrit : comment et à quels éditeurs l'envoyer ?

Vous avez écrit un manuscrit que vous avez relu, fait relire par d'autres personnes, corrigé et perfectionné ? Si ce n'est pas le cas, je vous invite à consulter mon article écrire un roman pour connaître toute les étapes et vous assurer que votre texte est prêt à être envoyé.

Si votre manuscrit est prêt, et que vous souhaitez faire appel à un éditeur pour sa publication, vous pouvez commencer à préparer vos envois. N'oubliez pas qu'il existe d'autres manières de publier (autoédition), passez par une maison d'édition comporte de nombreux avantages mais il est important d'y avoir réfléchi et de faire ce choix consciemment.

 > Choisir les maisons d'éditions : 

Il faut impérativement choisir avec pertinence les éditeurs à qui vous envoyez votre texte. Si vous envoyez une romance contemporaine aux éditions Mnémos, par exemple, vous n'avez aucune chance qu'elle soit lue et vous aurez perdu votre temps, tout comme vous faites perdre  son temps à l'éditeur qui risque d'être agacé. Vous devez faire des recherches.

- En premier lieu, identifiez le genre (ou les genres) de votre manuscrit : est-ce de la fantasy, de la science-fiction, un thriller, une fiction contemporaine ou historique ?
Essayez ensuite d'identifier les caractéristiques de votre texte. Par exemple, il s'agit de fantastique mais l'intrigue dominante est une romance, il s'agit d'un polar mais avec une forte dimension historique. Ces particularités peuvent se révéler importante pour orienter vos choix d'envois.

- Recherchez des éditeurs compatibles et dressez une liste. Vous pouvez trouver des listes de maisons d'éditions classées par genre sur internet, mais vous pouvez également aller en librairie ou parcourir les communautés de lecteurs sur les réseaux sociaux pour dénicher des éditeurs que vous ne connaissez pas (le forum jeunes écrivains peut beaucoup vous aider de ce côté-là).
Pour être certains que la maison d'édition est compatible avec votre manuscrit, rendez-vous sur leur site et identifiez leur ligne éditoriale. Certains éditeurs l'annoncent clairement, pour d'autre, il faut consulter leur catalogue. Si aucune de leur publication n'est du même genre que votre manuscrit, c'est qu'il n'est pas dans leur ligne éditoriale. Si aucun des thèmes que vous abordez ne figure dans leur catalogue, il y a également peu de chance que cet éditeur vous corresponde.

 - Pour avoir la moindre chance de savoir si votre manuscrit peut être publié, il faut que vous trouviez au minimum une trentaine d'éditeurs à qui l'envoyer, ce qui peut-être laborieux, surtout si votre texte appartient à un genre moins populaire que les autres (fantasy, science-fiction...). Si votre texte appartient à un genre répandu, par exemple un polar en littérature adulte, votre liste devrait plutôt s'approcher de 50 maisons d'éditions.

> La lettre d'accompagnement

Il est indispensable d'ajouter une lettre d'accompagnement à l'envoi de votre texte. Cette lettre permet à l'éditeur de savoir à quel genre appartient votre texte, de quoi il parle, et elle vous permet de vous présenter ainsi que de montrer que vous vous êtes renseigné sur la maison d'édition. Cette lettre vous permet d'apparaître un minimum professionnel.

La lettre d'accompagnement doit comporter :
- vos coordonnées
- les coordonnées de la maison d'édition, ou mieux : les coordonnées de la personne responsable de la collection dans laquelle votre manuscrit pourrait potentiellement s'intégrer.
- il est utile de mettre un objet, par exemple :

Objet : proposition d'un manuscrit : <titre du manuscrit>

- une BRÈVE présentation de votre texte avec le titre, les thèmes abordés, le genre, la longueur (en nombre de caractères espaces comprises) ainsi que la collections de la maison d'édition dans laquelle il pourrait s'intégrer. Voici un exemple (inventé) :

   Mon récit intitulé <le flocon de métal>, que je me permets de vous transmettre, raconte <l'histoire d'amour interdite entre Cindy, princesse de la planète Karbonarra, et Marog, un barman cyborg>. L'histoire se déroule durant une période <futuriste>. Rattaché au genre <de la science-fiction>, genre que j'affectionne particulièrement, ce manuscrit de <300 000> caractères semble potentiellement intéressant pour votre maison d'édition, notamment en ce qui concerne votre collection <amour du futur>.
  
- si votre manuscrit est prévu pour s'inscrire dans une saga, précisez-le, donnez le nombre de tomes prévus et le titre de la saga.

- une BRÈVE présentation de vous, ce que vous faites dans la vie, pourquoi vous avez écrit ce livre. Mentionnez surtout ce qui est pertinent avec l'écriture de votre manuscrit. Par exemple, s'il s'agit d'un roman historique et que vous êtes historien, n'oubliez pas d'en parler. Bien évidemment, si vous avez déjà publié d'autres ouvrages, mentionnez-les. Exemple :

  Après avoir suivi des études de lettres, je suis actuellement professeure de français. Hormis mon intérêt pour le tricot, j'ai toujours été passionnée par les récits de science-fiction et de romance et j'ai écrits de nombreuses nouvelles sur le forum des écrivains de la drôme.

- n'oubliez surtout pas les formules de politesses d'usage.


Cette lettre ne doit pas dépasser une page.

> Le synopsis et le résumé

L'éditeur peut vous demander soit l'un ou l'autre, soit les deux. Ils sont souvent confondus alors clarifions les choses :
le synopsis : il s'agit normalement d'un texte court, qui présente les grandes lignes de l'histoire ainsi que les personnages principaux et leur évolution. Il ne dévoile pas la fin, et doit donner envie de lire le livre. Typiquement, c'est ce texte qui figure en quatrième de couverture d'un roman. Le terme synopsis peut cependant aussi être utilisé pour désigner un résumé.
le résumé : le résumé est une forme de synopsis : il présente les étapes importante de l'histoire, les personnages principaux et leur évolution, et raconte la fin. Ce texte est destiné uniquement à l'éditeur afin qu'il se fasse une idée de votre roman. Il doit normalement tenir sur une page.

Attention : il est important de bien lire les instructions données par l'éditeur concernant l'envoi d'un manuscrit, les termes "synopsis" et "résumé" ne sont pas utilisés de la même manière par tous les éditeurs. Oui, effectivement, c'est pénible...

Ces deux textes sont extrêmement importants, si votre synopsis ne donne pas envie à l'éditeur et si votre résumé ne le convainc pas, il ne lira probablement pas votre manuscrit. C'est injuste, mais c'est comme ça. Une maison d'édition n'est pas une association caritative, c’est une entreprise : ils veulent optimiser leur temps, et vendre. Gardez cela à l'esprit.

Pour écrire un bon synopsis, lisez en beaucoup, au dos de roman du même genre que le vôtre, et efforcer vous de donner envie de découvrir votre histoire.De manière générale, il est déconseillé de donner le nom de plus de 3 personnages pour ne pas surcharger ce texte court ni embrouiller le lecteur.

Pour le résumé, il est plus difficile de trouver des exemple mais vous en trouverez malgré tout sur internet, ainsi que des conseils pour bien l'écrire. Rappelez vous que le résumé est souvent désigné par le terme "synopsis", ce qui ajoute à la confusion générale.
Il doit contenir :
- La situation initiale et l'élément perturbateur qui déclenche l'intrigue.
- Les évènements qui s'opposent à l'objectif final
- Le point culminant (ou climax)
- La résolution du climax
Incluez à cela :
- le développement du personnage principal
- le rôle de l'antagoniste, ou du personnage responsable de l'élément perturbateur
Gardez à l'esprit que votre résumé doit donner envie, vos personnages doivent paraître intéressants, et mettez l'accent sur les points originaux de votre histoire.

> Votre manuscrit

Là encore, lisez bien les instructions données par l'éditeur. Souvent, ils ont tous des exigences différentes, et oui, c'est toujours aussi pénible. 

Il faut donc bien respecter la police, la taille de police, l'interligne et les marges souhaitées.

Si l'éditeur ne précise rien, le format par défaut que devrait prendre votre manuscrit comporte une police Times New Roman taille 12 points, une interligne double et des marges d'au moins 2cm.
Bien entendu, vous aurez aéré votre texte en paragraphes, sauté des lignes et mis des tirets pour les dialogues (ce tiret là : " — ", pas le tiret de la touche 6 qui est comme ça : "-"), fait un saut de page pour chaque début de chapitre et sauté des lignes entre le titre du chapitre et le texte. N'oubliez par les alinéas à chaque début de paragraphe ou ligne sautée.

Une fois votre manuscrit mis en forme et bien présenté (sobrement mais proprement et harmonieusement), vous pouvez commencez les envois.

> Les envois

Il existe (à ma connaissance) trois type d'envois :

- le formulaire en ligne (typiquement chez les gros éditeurs)

Il suffit de compléter le formulaire et d'ajouter votre pièce jointe. Ce genre de procédé vous indique que l'éditeur pratique un tri drastique et rapide dans les manuscrits qu'il reçoit, et qu'il publie très peu de nouveaux auteurs. C'est le seul envoi par lequel vous êtes dispensé de lettre de présentation, puisque vous n'avez la possibilité d'envoyer qu'une seule pièce jointe.

- le mail

Ce procédé est celui que l'auteur préfère, il ne coûte rien et vous pouvez envoyez le manuscrit à autant d'éditeurs que vous le souhaitez. Toutefois rédiger le mail et ajouter les pièces jointe, personnaliser la lettre de présentation et le résumé avec les coordonnées de l'éditeur et la collection appropriée prends du temps, ne le gaspiller pas en envoyant votre texte à des éditeurs qui ne publient pas votre genre de roman.

Dans le corps du mail, soyez poli, n'oubliez pas au moins de dire bonjour. "Bonjour M. / Mme X" c'est encore mieux, si vous connaissez votre interlocuteur (directeur de collection...). Continuez ensuite avec quelque chose de ce genre :

Je me permets de vous contacter afin de vous soumettre mon manuscrit intitulé "blablabla".

Vous le trouverez en pièce jointe, ainsi qu'une lettre de présentation <et un résumé/synopsis selon les indications de l'éditeur>.

En vous remerciant pour votre temps et votre attention,
 

Bien Cordialement 

<vos coordonnées>

Ceci est un modèle que vous pouvez personnaliser, paraphraser, etc... 

Vous pouvez distribuer allègrement vos mails, le cœur plein d'espoir et de naïveté

- le courrier

 Le courrier pose tout de suite un problème financier : il faut imprimer votre manuscrit ! Horreur ! Si vous le faites chez vous, vous utiliserez beaucoup d'encre et de papier et cela vous prendra un temps fou (à moins que vous n'ayez une énorme imprimante professionnelle chez vous, dans ce cas là foncez), et l'imprimer chez un professionnel vous coutera une somme non négligeable, surtout si votre roman est long, à laquelle il faudra ajouter le prix du timbre, sachant que votre manuscrit ne risque pas de peser moins de 20 grammes...

Je vous recommande donc de bien réfléchir à vos envois papier et de bien sélectionner les éditeurs. Vous devez voir dans leurs collections des livres qui correspondent tout à fait au genre et aux thèmes abordés dans votre roman. Si ce n'est pas le cas, ne l'envoyez pas.
Ce procédé vous indique que l'éditeur souhaite réduire le nombre de manuscrit qu'il reçoit, il choisi les envois papier uniquement pour forcer les gens à réfléchir et ne recevoir que les manuscrit des gens les plus motivés et qui ont bien fait attention à leur ligne éditoriale. Si malgré cela vous leur envoyez un roman de science-fiction alors qu'ils publient des polars historiques, ils vous détesteront à tout jamais et vous aurez gaspillé environ 20 euros.

N'oubliez pas de glisser dans l'enveloppe la lettre de présentation (avec les coordonnée de l'éditeur et la bonne collection citée) ainsi qu'un résumé et/ou synopsis selon les indications de l'éditeur.


Si l'éditeur ne précise rien, je vous recommande malgré tout d'ajouter un résumé, cela aidera l'éditeur et vous fera bien voir.

Vos envois sont faits, bravo ! Il ne vous reste plus qu'à attendre... longtemps.

Si seulement vos manuscrits prenaient si peu de place...

> L'attente

Votre périple n'est pas terminé, oh non ! Il commence. Certains éditeur vous indique un délai (qu'ils dépasseront probablement), d'autres non. Certains vous envoient un accusé de réception, d'autre non. Certains vous enverrons un refus le jour même de l'envoi (oui, ça arrive, et non, ils n'ont pas lu votre texte. Sachez bien que beaucoup ne le lirons pas si le thème, le genre, le résumé, une phrase qu'ils ont lue au hasard au milieu du roman ne leur ont pas convenu), d'autres ne vous répondront jamais. Vous ne saurez pas si l'éditeur à lu le texte, pour certains vous ne saurez même pas s'ils l'ont bien reçu.

A vous les interminables soirée, le cœur plein de doutes, à mettre à jour votre boîte mail toutes les 5min, à angoisser dès que vous voyez apparaître un nouveau message, à détester tout ceux qui vous contactent et qui ne sont pas des éditeurs... Inutile de regarder par la fenêtre la nuit, par contre, le facteur vient seulement la journée.

Évitez au maximum de relancer les éditeurs. C'est inutile, et ne fera que les irriter. De nombreuses personnes les relancent et votre appel sera le 10ème de la journée et ils ne sauront pas si votre texte a été lu ou non, ils ont une pile de 500 manuscrits et n'ont pas le temps de regarder.

Les seules conditions dans lesquelles il est acceptable de contacter l'éditeur sont celles ci :

- l'éditeur a clairement spécifié que vous recevrez un accusé de réception, et vous ne l'avez pas eu (attendez au moins  1 mois, l'accusé met parfois un peu de temps). Dans ce cas, il est possible que votre mail soit passé en "spam" ou qu'il n'ait pas été reçu. Vous pouvez contacter l'éditeur en donnant la date à laquelle vous avez envoyé le manuscrit, son titre, votre nom, en précisant que vous n'avez pas eu d'accusé de réception et que vous souhaitez savoir s'ils ont bien reçu votre envoi.

- l'éditeur a clairement spécifié que vous aurez une réponse dans un délai précis, et vous n'avez pas eu de réponse. (Là encore, ajouter au moins 1 mois au délai indiqué, il est fréquent que les éditeurs le dépassent). Comme précédemment, il n'a peut-être pas reçu votre texte, et vous pouvez le contacter de la même manière.

- vous avez eu une réponse positive d'un autre éditeur, qui veut vous faire signer un contrat rapidement. Dans ce cas, il y a deux possibilité : 

La réponse positive : votre espoir le plus fou, votre bien le plus précieux.

L'éditeur qui vous a répondu vous convient parfaitement et vous allez signer avec lui. Il est alors apprécié d'en informer tous les éditeurs à qui vous avez envoyé un manuscrit. Ils sauront que vous avez trouvé preneur et qu'il n'est pas utile de lire votre texte, ce qui les soulagera car ils sont toujours débordés.

L'éditeur qui vous a répondu n'est pas votre choix idéal. Il est possible de contacter les autres éditeurs qui vous auraient mieux convenu, en précisant que vous avez une proposition de contrat et que vous souhaiteriez savoir s'ils leur est possible de vous répondre d'ici peu, pour pouvoir prendre la décision de signer ou non le contrat proposé.

Dans tous les cas, si vous êtes amené à relancer l'éditeur, soyez poli. Montrez que vous savez qu'ils galèrent sous leurs montagnes de manuscrits et que vous n'êtes ni impatient, ni énervé.

> Les réponses

Si vous en avez une, estimez vous heureux. Beaucoup de vos manuscrit disparaîtront dans le néant car l'éditeur ne précise aucun délai, n'envoie pas d'accusé et ne vous contactera jamais. Pour ces éditeur, une fois dépassé 8 mois d'attente, considérez qu'il n'a pas retenu votre manuscrit, ou alors, mais c'est beaucoup moins probable, il ne l'a jamais reçu. Acceptez que vous ne le saurez jamais.

Les réponses négatives : acceptez les, ne vous énervez pas. Il est absolument inutile et même légèrement idiot de vous en prendre à l'éditeur. Il est là pour faire tourner son entreprise, point. Si vous vous énervez, tout ce que vous pouvez gagner c'est qu'il jettera directement à la poubelle tout futur manuscrit que vous lui enverrez. Vous avez eu une réponse négative, vous pouvez envoyer un mail pour remerciez l'éditeur de vous avoir répondu, et c'est tout.
Ne vous laissez pas décourager, ça ne veut rien dire. Votre texte n'avais peut-être même pas de défaut, simplement, l'éditeur n'a pas estimé qu'il pouvait correspondre à ses collections ou au style de sa maison d'édition, il n'avait pas besoin de ce type de roman précis à ce moment là, ou il ne pense pas qu'il arrivera bien à le vendre (son but est de vendre, rappelez-vous).

Vous avez une réponse positive. C'est bien, mais ne poussez pas encore de grands hourras. Étudiez le contrat proposé d'abord, renseignez-vous. Le contrat d'édition correct fera l'objet d'un prochain article.
En attendant, si on vous demande une participation, sous quelque forme que ce soit (argent, souscriptions à récolter...) freinez immédiatement votre entrain : ce n'est pas un contrat à compte d'éditeur. Si vous souhaitez passez par un éditeur, vous ne devez normalement rien payer, avancer, ou quoi que ce soit d'autre !!! C'est l'éditeur qui doit vous proposer de l'argent pour acheter vos droits d'auteur. C'est lui qui achète votre propriété intellectuelle. Ne la cédez pas n'importe comment. Si vous ne trouvez pas d'éditeur, pensez plutôt à l'autoédition qu'à ces éditeurs qui vous font participer et tentent de gagner de l'argent sur votre dos alors qu'ils n'essaieront jamais de vendre vos livres au public.

Si vous avez une réponse positive et que votre contrat comporte les mots "à-valoir" et des droits d'auteurs supérieurs à 5%, bravo ! C'est le moment de vous réjouir. Ne fanfaronnez cependant pas trop tant que vous n'aurez pas signé le contrat, les éditeurs se rétractent parfois, même si ça reste rare.

Voici donc l'épopée des envois aux éditeurs. Et croyez-moi, ce n'est pas encore la fin des aventures pour un texte. De nombreuses étapes, longues et fastidieuses, vous attendent encore avant d'avoir le livre publié entre les mains. Ce sera également l'objet d'un prochain article !

Sur ceux, pour être informé de la parution d'autres article et pour suivre mon actualité, n'hésitez pas à me suivre sur les réseaux sociaux : Facebook / Instagram